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Retour d’expérience par Joanna Calais-Hirsch

Bonjour Joanna, peux-tu te présenter en quelques mots ?

 

Je suis Learning Product Manager chez École Cube. Concrètement, je structure le catalogue de formations, je réfléchis à l’amélioration de l’expérience de nos étudiants et je coordonne nos productions avec les ingénieurs pédagogiques. Mon poste est à la croisée des chemins : pédagogie d’un côté, marketing et product management de l’autre.

J’y suis arrivée par étapes — professeure des écoles d’abord, puis learning designer pour un public adulte (chez OpenClassrooms notamment). Ce fil rouge ne m’a jamais quittée : je fais ce métier parce que je suis convaincue que la formation peut changer des trajectoires, ouvrir des portes, parfois remettre quelqu’un en mouvement au bon moment.

 

Quelles sont les particularités du Learning Show que tu mettrais en avant ?

 

Le Learning Show, c’est un événement professionnel où on n’est pas dans une posture passive de consommateur. On ne se limite pas à assister à des conférences comme dans la plupart des salons professionnels… on travaille. On se retrouve autour d’ateliers, on teste des idées, on confronte des points de vue très différents, on fait un vrai pas de côté par rapport à nos réflexes du quotidien.

Ce format valorise et utilise très concrètement l’intelligence collective. On termine les deux jours de l’événement avec des pistes concrètes à essayer dès le jour suivant. Et l’ambiance aide : pro, bienveillante, énergisante. Ça compte pour produire du vrai !

 

Tu étais participante lors de cette édition 2025 : quelles ont été tes 3 expériences les plus marquantes ?

 

La claque pédagogique, ça a été l’atelier “Comment travailler avec des cons”, animé par Lise Guilbert et Léonie Zago, sous le format théâtre forum. On y a testé différentes hypothèses, différents changements de posture sur des situations tendues, en contexte quasi réel. Le feedback était immédiat. On sentait physiquement ce que ça fait de décaler un mot, un silence, une intention. On peut oser l’erreur en sécurité. On apprend en faisant — et en se trompant —, pas en théorie.

 

 

Deuxième moment fort : l’atelier “Individualiser une expérience apprenante en 3 actes avec l’Adaptive Learning”, animé par Fabienne Bouchut et Bertrand Deroulede, et lui-même pensé comme de l’adaptive learning. Groupes de niveaux, objectifs différenciés, feedbacks calibrés. Cette mise en abyme m’a fait bouger mes lignes : au-delà des techno, la vraie question c’est la granularité des tâches, la qualité des données d’entrée, et le rôle de l’animation humaine pour orchestrer la différenciation. J’ai gagné en clarté sur quand et pourquoi l’adaptatif apporte vraiment quelque chose.

 

Enfin, j’ai participé à la radio du Learning Show, à une interview “Pédago Clash” orchestrée par Marion Trigodet. Le dispositif live ancre les échanges, documente l’événement, et surtout ouvre la porte à des angles moins consensuels, parfois très niche. On peut argumenter, préciser les désaccords et donc laisser des traces utiles.

 

 

Quelle est ton activité dans les prochains mois ? Où peut-on éventuellement te retrouver ?

 

Je poursuis chez École Cube, avec un catalogue qui s’étoffe et une offre qui se structure.

On peut me contacter sur LinkedIn, Je publie peu, mais j’aime réfléchir et collaborer sur des cas réels (motivation, impact métier, transfert). Vous avez une problématique concrète ? Écrivez-moi : on la décortique ensemble et on met l’intelligence collective à profit pour nourrir nos pratiques.

 

Carte blanche : que proposerais-tu comme idée pour le Learning Show 2026 ?

 

Je proposerais de revenir aux basiques : comment faire une analyse de besoins. Pourquoi ? Parce qu’on dépense beaucoup d’énergie sur le “comment” (formats, outils, innovations) alors que le “pourquoi/pour qui/pour quoi faire” n’est souvent pas assez cadré. Résultat : des contenus séduisants mais “nice-to-have”, qui se heurtent au réel une fois sur le terrain. Pour moi, le cœur d’une bonne formation, c’est la compréhension fine des apprenants et du contexte métier : leurs tâches critiques, ce qui coince aujourd’hui, ce qui doit réellement changer demain, les leviers de motivation qui comptent, et les conditions de transfert (temps, outils, management, culture). Tant que ces briques ne sont pas solides, l’adaptive learning, la gamification ou n’importe quelle innovation tournent à vide.

 

J’imagine un atelier-labo très concret. On part d’une problématique métier précise et on cartographie : qui sont les apprenants (profils, prérequis, contraintes), quelles performances on vise (tâches attendues, seuils de réussite), quels obstacles freinent le transfert (process, outils, environnement), et comment on mesurera l’impact à 30/60/90 jours. On aboutit à un brief d’analyse complet, des critères d’acceptation clairs, un plan d’expérimentation (ce qu’on teste, sur qui, avec quels signaux), et les données à collecter pour décider de la suite. L’objectif n’est pas d’être “anti-innovation”, au contraire : c’est de la rendre utile et mesurable, en l’alignant sur un besoin réel, dans un contexte réel.

 

Plus personnellement, as-tu une recommandation : article, lecture, podcast qui t’a marquée autour de la formation ?

 

Design for How People Learn de Julie Dirksen. Clair, concret, centré sur la motivation et le passage à l’action — c’est un excellent ouvrage de base.

Et, plus largement, je recommanderais aux ingénieur·e·s pédagogiques d’aller fouiller du côté des méthodologies de Product Management (discovery, jobs-to-be-done, évaluation des risques, matrice effort x impact, métriques d’usage…). Transposées à la formation, elles aident à fabriquer de vrais produits d’apprentissage adaptés au terrain.

 

 

Merci Joanna et rendez-vous les 5 et 6 octobre prochains pour le Learning Show 2026 ! 

 

 

 

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